Je suis le genre de fille qui essaie de tout avoir du premier coup, j’ai jamais redoublé, j’ai eu tous mes exams, le permis, le code et tout ce qui s’en suit. Comment ça j’aime pas trop l’échec ?
Quand une après-midi, ma conscience citoyenne s’est réveillée, j’ai daigné parcourir 300 mètres et surtout me décoller de mon canapé sacré pour aller faire don à la société, de mon sang (lui aussi sacré). Outre le fait, que la file d’attente était d’approximativement 1h, j’étais fière de moi. Et forcément, mon élan de citoyenneté accompagna celui d’A. Arrivée au check point, je prends place face à madame la médecin, dans un espèce de mini box, pour plus d’intimité tu penses. Alors oui je vais bien, oui j’ai assez de globules rouges, mais non je peux pas donner à cause de mes moeurs légères. Coup de massue en pleine poire, elle avait pourtant pas l’air comme ça docteur Quinn. Comprenez que mon sang impure (pourtant j’étais vraiment persuadée qu’il était sacré) de tapineuse cocue pourrait être dangereux. Alors oui mesdames, sachez que vous ne pouvez pas être une citoyenne irréprochable quand bon vous semble. Dommage c’est pas notre fort ! Quand docteur Quinn me fait son laïus un peu flippant, comme quoi je dois être absolument sincère en répondant à ses questions, je jure main sur le coeur, les yeux dans les siens, que je serais honnête. Première question, je me rétame. Ca valait le coup de prêter serment tient !
« Avez-vous eu des relations dans les 4 mois? » Off course, j’ai des besoins moi ! Bon prochaine question j’arrondis les angles, j’omets que celui à qui j’avais donné mon cul était mon ex, et répond que ça faisait 3 ans que nous étions ensemble. Et là c’est le drame, Doc. me demande s’il était possible qu’il soit allé voir ailleurs. Si tu savais ma grande… Il s’en donne à coeur joie l’enfoiré.
Mais qu’est-ce qu’elle fait la gueuze ? Figurez-vous que je la vois déchirer et jeter ma fiche de donneuse citoyenne, pour me recaler, et finalement ajouter :
« Oh c’est encore plus rageant quand c’est pas de son fait. » Ah bah ouai m’en parle pas… BITCH !
Donc j’ai poireauté 1h30 pour me voir être lourdée, et en plus être reléguer à mon rang de pauvre fille cocue aux MST probables ? DAMN (Comme on dit chez BBB avec qui je discute toujours). Mon égo n’a pas du tout accepté cet affront. Merde, je lutte chaque jour pour m’affranchir de cette affaire de mauvaises moeurs, c’est pas pour que le jour où je veux être citoyenne émérite, je me le prenne dans les dents tel un uppercut de Mohamed Ali. C’est purement égoïste, je sais bien. Je ne remet absolument pas en cause ce principe de précaution, ou les affaires du sang contaminé. Mais je dois bien avoué que je suis sortie de mon entretien avec Dr Quinn sacrément tourneboulée, l’égo dans les chaussettes.
On fait bonne figure, puisqu’on sait que personne ne comprend, pour changer. Et puis de toutes façons, y’a rien à comprendre, y’a rien de grave en soit, mais je suis loin d’être rationnelle comme meuf. Oscar ne dit-il pas que l’émotion nous égare ? Alors ouais je me suis retrouvée, dans une salle somptueuse de l’Hotel de Ville, devant tous ces gens qui avaient, eux, passés le check point, devant ceux qui n’avaient rien de dangereux pour des malades, devant ceux qui avaient une vie normale, devant A. Bon bah voilà, c’est officiel, je veux prendre mes jambes à mon cou. Ne plus avoir a assumé les regards interrogateurs, ceux-ci même que j’aurais pu posé sur des gens comme moi, qui auraient fuit sans passer par la case aiguille. Je ne voulais plus entendre parler de don de quoi que ce soit, et à la fois, j’avais la force de rien.
Tout ça parait incongru pour celui qui ne conçoit pas ce genre d’émotions, mais c’est pourtant bien ce qui c’est passé. Je suis donc restée plus longtemps dans l’antre du citoyen-model pour ne pas laisser A. toute seule face à l’aiguille. Luttant contre mon canal lacrymal un peu mis à l’épreuve.
En sortant j’ai même pas eu le droit au T-shirt cadeau, ils sont intransigeants ces gens en blanc. En plus du reste, ma clope de décompression était juste ignoble, constitué du tabac à rouler dit « de secours », constitué de toutes mes fins de paquet depuis le Mardi 7 Février 2011 – j’avais bien fait de l’écrire sur la boite. Histoire de faire tomber mon moral de fille de mauvaise vie, plus bas qu’il ne l’était déjà, c’était la fin du mois, et j’étais à découvert. Quand je vous dis que le sort s’acharne, des fois je soupçonne le mauvais oeil, ou je ne sais quel autre sortilège lancé par une de mes nombreuses ennemies. Après tout, quand on ne veut pas croire au karma pourri, on se dit que c’est la faute à pas de chance! Je me sentais littéralement seule contre tous. Et parmi toutes mes craintes, la solitude me panique complètement. Vous me collez toute seule, dans le noir, et alors là je calanche, j’ai su ça le jour où j’ai expérimenté la spéléologie ! Bref.
Je suis sortie de là, 2h après mon arrivée, j’ai trainé ma carcasse sur les fameux 300 mètres, pour m’affaler sur mon canapé et parler d’autre chose. En jogging taché d’eau de javel, un thé perpétuellement à la main, accompagné de son acolyte nicotinique dans l’autre, affalée aux cotés du chaton-roi, devant le prime des Simpson, on aurait pu voir la fille de Bridget Jones, et de Beigbeder. Une caricature de moi-même, bourrée de sarcasme, et à la tendance ce-soir-je-me-lamente (Ca arrive même aux meilleurs!).
Je rêvais secrètement qu’on me sorte de là, ce qui paraissait pourtant bien improbable, arriva à 23h. Un texto, une proposition de frénésie nocturne des copains. Ni une, ni deux, ravie, je saute sur un jean, ainsi que sur mon mascara pour sauver les meubles, et bourrée d’endorphine, je suis sortie battre le pavé et m’enivrer toute la nuit. Comme quoi des fois, quand tout va mal, le mauvais oeil nous lâche le temps d’un instant capable de sauver une soirée bien banale teintée de noir.
En tout cas, même si les attentes profondes de fornication avec l’un d’entre eux, n’étaient pas au rendez-vous, le « en tous cas merci pour cette fin de soirée » nous met du baume au coeur. Les copains ont fait leur boulot au mieux, comme d’habitude. On relativise vraiment plus facilement, quand le karma nous donne un coup de pouce… ou de pied, c’est selon..!
ENJOY UR FRIEND
THE HAPPENIS 